Jeudi 9 mars 2023 a eu lieu la seconde édition des Printanières de la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG). Le thème retenu, sujet à la fois politique et polémique, était celui de la conduite automobile des personnes âgées de plus 80 ans, problématique à laquelle nous sommes tous très régulièrement confrontés au cours de nos consultations.
Cette journée qui a rassemblé plus de 500 participants a été riche d’enseignements. Les données d’accidentologie révèlent que la mortalité augmente avec l’âge des victimes d’accidents, mais surtout que les conducteurs âgés sont moins dangereux pour les autres personnes impliquées que des conducteurs plus jeunes, y compris lors de situations complexes. Par ailleurs, la conduite automobile est un facteur indispensable au maintien de l’autonomie chez la personne âgée. Même s’il existe certaines altérations physiologiques associées au vieillissement, un sujet âgé ayant un vieillissement normal s’adapte à son vieillissement et la performance aux tests ne suffit pas pour parler d’« incapacité ». L’âge chronologique ne doit pas être retenu comme seul facteur de risque pour la conduite afin d’éviter les stéréotypes négatifs liés au vieillissement et à l’arrêt injustifié de la conduite. Les premiers résultats du projet « Facteurs prédictifs associés au maintien de la conduite en âge avancé » (Famaco), initié par le Gérontopôle AURA à Saint-Étienne (42), ont pu être présentés. Le plus souvent, l’arrêt de la conduite est un choix de la personne âgée et la maladie en est la principale cause.
Une session a été consacrée à la problématique des visites médicales d’aptitude obligatoires. Le Dr Philippe Lauwick, président de l’Association confraternelle au service des professionnels de santé (ACMF), a présenté la recommandation « Séniors, Mobilité et Conduite » élaborée par la commission Santé du Conseil national de sécurité routière de 2019. Le recours à ces visites est très variable en Europe, allant de l’absence de visite en France ou en Allemagne, à une visite obligatoire à partir de l’âge de 60 ans pour le Luxembourg et le Portugal, ou à partir de l’âge de 80 ans pour les Norvégiens. L’Espagne impose des visites à tout âge !
D’autres sessions ont été consacrées aux pathologies, notamment aux troubles neurocognitifs, à la maladie de Parkinson et à l’épilepsie. La Pr Maria Soto, présidente de la Fédération des centres mémoire (FCM), a présenté les recommandations du groupe de travail Conduite automobile et troubles cognitifs de la FCM. Elles comprennent des algorithmes d’aide à la décision à destination des professionnels de consultations mémoire, des médecins agréés et des médecins généralistes, pour les patients ayant un trouble neurocognitif majeur à un stade léger.
L’ensemble des actes de cette journée seront disponibles prochainement sur le site de la SFGG (www.sfgg.org).
1 Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG), Paris, France.
2 Service de médecine gériatrique, AP-HP. Université Paris Saclay, site Ambroise Paré, Boulogne-Billancourt, France.
3 Hôpitaux Universitaires de Marseille, AP-HM, Marseille, France.
4 CHU de Bordeaux, Université de Bordeaux, Bordeaux, France.
Auteur correspondant : Docteur Tristan Cudennec, Secrétaire général de la société française de gériatrie et gérontologie, AP-HP. Université Paris Saclay site Ambroise Paré, 9 avenue Charles-de-Gaulle, 92100 Boulogne-Billancourt, France.
Courriel : tristan.cudennec@aphp.fr